l’ABRICOT

L’ABRICOT          par Jean Pélissier professeur en MTC

L’abricot se dit Xing Zi, 杏子 en chinois. 

C’est donc le fruit d’un arbre, l’abricotier. Son nom scientifique est la « prune d’Arménie » ou Prunus Armeniaca. Les Romains le nommaient « praecoquum » qui veut dire fruit précoce.

L’abricot comme la pêche sont deux fruits à noyau, du genre prunus, originaire de Chine.

En Chine, justement on trouve des abricotiers sauvages dans de très nombreuses régions. Ce sont les meilleurs.

Depuis plus de 2000 ans, toujours en Chine on les a « domestiqués ».

C’est un fruit sucré, peu juteux, ferme. Sa couleur est jaune orangé. Il a la particularité, comme la banane ou la tomate, de mûrir très vite.

C’est donc un fruit très facile à consommer, trop facile peut-être. Attention donc aux excès comme nous allons le voir dans les contre-indications.

      Que dit la médecine chinoise ?

L’abricot, Xing Zi, 杏子 est de saveur acide et douce et sa nature est tiède.

Les méridiens-organes cibles sont :

l’Estomac,  le Gros Intestin et  le Poumon.

 

 

Ses actions principales sont :

d’humidifier le Poumon,  de générer les liquides organiques,  d’arrêter la soif et d’arrêter les dyspnées.

Voilà pourquoi ce fruit est un fruit de l’été

Quelques exemples d’indications:

*   Quand on est « agressé » par un Vent Externe ou de la Sécheresse, cela peut attaquer et affaiblir les poumons et déclencher une toux sèche. L’abricot est très intéressant alors. C’est en effet un expectorant, un émollient et un antitussif. On peut aussi s’en servir en cas de crises d’asthme.

On connaît tous les perversités externes liées au vent, à la chaleur, au froid, à l’humidité, mais la sécheresse est rarement prise en compte.

Entre autres, en dehors de celle du climat,  deux types de sécheresses dont on ne tient pas compte :

– la sécheresse ambiante qui peut descendre jusqu’à 15-20% d’humidité (au lieu de 50-60% normal) conséquence d’une climatisation excessive surtout en été.

–  ensuite la fumée de la cigarette qui dessèche littéralement les liquides organiques.

*  C’est un hydratant très puissant. On dit que « l’abricot humidifie et désaltère ». Il calme donc la soif et permet de lutter contre la bouche et la gorge sèches.

*  En chine, il est dit qu’il prévient le cancer du Poumon et du naso-pharynx.

*  Du fait de son action sur le sang et les liquides organiques, il permet de traiter des problèmes de cheveux ternes, cassants et abîmés.

Que disent les recherches modernes ?

* L’abricot est très riche en fibres et en antioxydants. Il contient du carotène, ou provitamine A qui lui donne sa couleur orangée. C’est un puissant antioxydant. Cela en fait un fruit très intéressant dans la prévention des cancers et contre le vieillissement cellulaire.

* Il est riche en pectine qui se gonfle facilement d’eau, d’où son côté moelleux. Cela aide à son action hydratante et émolliente.

*Il a une forte teneur en cuivre et en fer. Le fer favorise la production de globules rouges et donc lutte contre l’anémie.

*Quand il est pris sec, il est laxatif. N’oublions pas en MTC le lien direct entre les Poumons et le gros intestin.

*Séché, il est très apprécié des sportifs pour l’énergie qu’il apporte.

*Pour diminuer le taux de cholestérol, nos grands-mères faisaient tremper un abricot sec dans un verre d’eau toute une nuit. Le lendemain, à jeun, consommez l’abricot et buvez l’eau.

*Un extraordinaire masque de beauté : « réduire en pulpe 3 ou 4 abricots bien mûrs. Une fois obtenue une bouillie, rajouter 6 gouttes d’huile d’amandes douces. En faire un masque de 20’ sur le visage ».

 

Mode de préparation

*On le consomme frais, séché (abricots secs), cuit,  en compote, en confiture, en tartes etc…

*Sa peau doit être lisse, non duveteuse, sans taches. Cette peau se mange, mais il faut au préalable bien laver le fruit.

Si vous n’avez pas la chance de pouvoir le cueillir directement sur l’arbre, il faut l’acheter bien mûr, car  il ne mûrit pas après la cueillette.

 

 

 

 

 

 

Contre-indications:

Dans les textes anciens, il est dit qu’il faut « éviter d’en consommer  trop car cela peut blesser les tendons et les os ».

L’abus d’abricots chez les enfants peut générer un phénomène de « chaleur » au niveau de l’épigastre et favoriser l’apparition de furoncles.

Un excès de consommation d’abricots secs ou trop mûrs peut entraîner une diarrhée chronique.

ANNEXE

L’amande d’abricot ou Xing Hu

 

 

 

 

 

L’amande tirée du noyau d’abricot est bien plus employée que le fruit en pharmacopée chinoise.

C’est même un des remèdes majeurs qui entre dans de très nombreuses formules traditionnelles.

Il est principalement indiqué dans :

                  les chaleurs du Poumon avec toux, difficulté respiratoire et soif.

                  Dans les toux causées par un Vent-froid ou un Vent-chaleur.

                  Dans les toux par sécheresse et déficience du Yin des poumons.

                  Dans les problèmes de constipation par sécheresse du Gros intestin.

*De ces noyaux, on va tirer une huile relativement précieuse, qui est connue depuis la nuit des temps en cosmétologie.

Elle a comme propriété de nourrir la peau, de lui redonner de la douceur et de l’élasticité et donc d’en retarder le vieillissement.

*Mélangez à de l’argile, de l’huile d’abricot : c’est à moindre frais un excellent masque de beauté antirides.

Ce mélange a aussi comme propriété de calmer les irritations du soleil.

*Voilà une préparation très ancienne : préparez des pilules de miel à base d’amandes d’abricots et de noix pilées.

Il faut les consommer avec des miettes de gingembre cru.

C’est  une très bonne recette contre les problèmes de toux chronique diurne et surtout nocturne.

Les contre-indications de l’amande d’abricot sont importantes à connaître :

– il faut les utiliser avec une grande prudence quand les selles sont molles, ou chez l’enfant.

– Il ne faut pas en prendre en cas de déficience générale.

– N’en prendre au grand maximum que 3 à 10 pièces chez l’adulte et qu’une ou deux chez l’enfant.

– En manger plusieurs dizaines d’un coup peut entraîner un risque mortel du fait qu’elles contiennent de l’acide cyanhydrique.

 

 

 


L’OIGNON

L’OIGNON, Yang Cong   par Jean Pelissier professeur en MTC

 L’oignon se dit Yang Cong洋蔥 en chinois.

Il  est consommé depuis des millénaires dans ce pays, mais aussi quasi dans le monde entier. Originaire il y a plus de 4000 ans d’Asie Centrale, on en retrouve des traces chez les Égyptiens, les Grecs, les Romains…

L’oignon est une plante herbacée de la famille des liliacées.

Il en existe de très nombreuses variétés, des blancs, des jaunes paille, des rouges, des rosés, avec des vertus quasi identiques.

Il est considéré à la fois comme un légume, mais aussi comme un condiment ayant d’extraordinaires propriétés médicinales, comme nous allons le voir.

Que dit la médecine chinoise ?

L’oignon, Yang Cong, 洋蔥est de saveur Piquante et douce et de nature Tiède.

Je vous rappelle que la saveur douce est bonne pour le « logiciel rate-pancréas » et qu’un aliment piquant est un aliment bénéfique pour le poumon et le gros intestin quand il n’est pas pris en excès.

Les méridiens organes destinataires sont :

la Rate, l’Estomac et le Poumon.

Yang Cong a pour principales actions :

de régulariser le Qi du Foyer moyen, Rate-Estomac et de tonifier et tiédir la Rate.

*L’oignon permet de lutter contre les distensions de l’estomac souvent dues à une stagnation de Qi, d’énergie de l’estomac.

*En tonifiant l’énergie de la Rate, l’oignon contribue à faciliter la digestion.

*C’est un anti-diarrhéique notoire.

*L’oignon aide à la digestion des céréales, des légumineuses, des féculents.

Quand on mange par exemple un plat de lentilles, il convient de les cuisiner avec un émincé d’oignon. Cela évitera d’avoir des flatulences trop importantes.

*Pour toutes les piqûres de guêpe ou d’insecte, on frotte la lésion pendant 2 minutes avec un oignon coupé en deux.

*Les Chinois expliquent qu’une consommation régulière d’oignon permet d’accroître la force musculaire. Il faut se rappeler que la Rate est à mettre en relation avec les chairs et les muscles en MTC.

*L’oignon est très intéressant en cas de rétention de liquide. On dit qu’il soutient la diurèse.

*Dans la tradition populaire, on sait que prendre de l’oignon en cas d’infection pulmonaire avec présence de crachats, de Tan, favorise l’expulsion de ces mucosités.

*Que ce soit l’ail ou l’oignon, il est d’usage dans de très nombreux pays d’en placer dans les chambres à titre de protection.

*Selon la théorie des signatures, les oignons ressemblent aux cellules du corps. A ce titre l’oignon aide à nettoyer les déchets de toutes les cellules du corps.

Les larmes produites lors de l’épluchure permettent  de « laver » la couche épithéliale des yeux.

Que disent les recherches modernes ?

*Il a été démontré que l’oignon était un aliment majeur dans la prévention des maladies cardio-vasculaires.

Il possède en effet des vertus hypocholestérolémiantes et hypotensives. C’est un anti-agrégant plaquettaire. Il a aussi d’importantes vertus anti-oxydantes.

*Il contient des composés soufrés. Ce sont eux qui font pleurer et chargent l’haleine. Et ces composés ont des vertus hypoglycémiantes. Ils sont donc très intéressants pour les diabétiques.

*Il dissout l’acide urique responsable des crises de goutte, de douleurs articulaires et de calculs rénaux.

*Il possède au même titre que l’ail, l’échalote, la ciboulette, la ciboule, d’excellentes propriétés anti-cancer.

Des études ont montré que les extraits d’oignons pouvaient inhiber le processus de mutation cellulaire à l’origine des cancers, mais aussi d’éliminer la prolifération de cellules cancéreuses.

Mode de préparation

*Doit-on le manger cru ou cuit ?

Je serais tenté de dire les deux.

Dans les pays asiatiques, on préfère le consommer cuit. Il stimule alors la digestion et tonifie la Rate-Estomac.

Cru, il permet de lutter contre l’HTA, les maladies cardio-vasculaires, le diabète.

Mais il est plus indigeste. C’est une question de tolérance individuelle et d’entente dans le couple!

*Si vous ne voulez pas trop pleurer au moment de l’épluchage, coupez-le tout de suite après la sortie du réfrigérateur et sous l’eau. Le froid et l’eau évitent que les composés soufrés,  très volatils, vous fassent venir la larme à l’œil.

* Il convient de choisir les oignons de garde, fermes, brillants, à la pelure bien sèche. Évitez ceux qui ont des meurtrissures, des taches et évidemment pas de germes. Des oignons « bio» seraient le mieux.

*Il aura plus de goût et de valeurs nutritives s’il est brièvement revenu dans de l’huile ou dans un autre corps gras, en le laissant croustillant sans le laisser brunir.

Contre-indications

*ne pas en prendre cru en cas d’estomac sensible.

*Nous savons que la nature piquante et dispersante est à mettre en relation avec les Poumons. On devrait s’abstenir d’en prendre, surtout cru, en cas de fièvre, ou de maladies inflammatoires comme des conjonctivites, des problèmes de prurit cutané.

 

Conclusion

Vous avez bien compris que dans la « pharmacie du Bon Dieu », l’oignon tient une place de choix.

On pourrait presque dire que la «loi des neufs jours» ne s’applique pas à ce légume-condiment. En effet, il peut entrer dans la composition de très nombreux plats diététiques, de façon quasi quotidienne.

Mangez donc souvent de l’oignon, cuit, cru, dans les soupes, etc…

 

 

L’Asperge

Asperge, Lu Sun         par Jean Pélissier professeur en MTC

Originaire des pays tempérés de l’Eurasie, l’asperge, Lu Sun 蘆筍 en chinois est un légume qui est cultivé et qui se consomme à l’heure actuelle dans le monde entier.

Connue des Romains, elle est cultivée comme plante potagère depuis le 15esiècle en France.

L’asperge appartient à la famille des liliacées comme les poireaux, les oignons, l’ail, le bulbe de lys.

On la trouve sous forme sauvage : c’est à mon goût la meilleure. Et évidemment il y a celle de culture.

On en compte environ une vingtaine d’espèces, mais les plus connues sont les asperges vertes, les blanches qui ont été cultivées à l’abri de la lumière d’où leur couleur et les violettes.

Un peu comme le bambou, l’asperge provient de rhizomes, pour sortir de terre sous forme de turions qui ensuite peuvent pousser très vite jusqu’à 1m50 de haut.

Son goût évoque un peu la saveur de l’artichaut.

Elle est constituée d’une tête où se concentrent le goût et les minéraux, d’un corps et d’une base. Il faut savoir que c’est au niveau de la base, ou tout au moins au bas de la tige que sont concentrés les principes actifs.

En effet, à l’heure actuelle, des recherches sont faites dans le monde entier pour ses vertus « anti-cancers ». C’est une des seules plantes ayant des propriétés aussi marquées.

Que dit la médecine chinoise ?

Son nom est donc Lu Sun, 蘆筍.

L’asperge est de saveur Amère et Douce. Sa nature est Fraîche, presque Tiède.

Les méridiens organes cibles sont :

    • Les Poumons.
    • La Vessie.
    • Le Gros Intestin.

Lu Sun a pour principales actions :

    • D’humecter les Poumons.
    • De calmer la toux.
    • De dissiper les glaires, le Tan.
    • De faire baisser la tension artérielle.
    • De clarifier la chaleur.
    • De rafraîchir le sang et d’arrêter les saignements.
    • De clarifier les Intestins et de débloquer les selles.
    • De tuer les parasites.

Ses indications principales :

*L’asperge est un antiseptique des voies urinaires et un diurétique. En pharmacopée, on l’utilise dans les cas de mictions fréquentes, peu abondantes et douloureuses. On appelle cela de « l’humidité chaleur » en MTC.

Il est à noter que l’asperge « va » très rapidement dans la vessie. En quelques minutes, les urines ont une odeur très prononcée.

*On l’utilise aussi en cas de chaleur dans le sang favorisant les saignements, comme les saignements de nez, de gencives, les vomissements de sang.

*Quand on ne consomme pas assez de fibres et que les selles sont sèches, l’asperge peut aider à débloquer la situation.

N’oubliez pas le lien qu’il y a  entre l’énergie du Poumon et le Gros Intestin en MTC : quand les Poumons sont « secs », cela peut entraîner une sécheresse du Gros Intestin. Or, comme l’asperge humecte les Poumons, cela va avoir un retentissement sur le transit intestinal.

*Elle est très intéressante dans les cas de parasitologie. En usage externe d’ailleurs, elle permet de traiter les champignons et autres parasites cutanés.

*C’est un excellent aliment de prévention de l’athérosclérose et des maladies cardio-vasculaires, action due entre autres à ses propriétés hypotenseuses et hypolipidémiantes.

*Grâce à son effet diurétique, elle permet de lutter contre l’obésité associée à de la rétention d’eau.

*D’autre part, l’asperge contient beaucoup de fibres, surtout des fibres longues qui permettent de « brosser » les villosités intestinales et d’augmenter le péristaltisme. Cela permet aux déchets d’être plus facilement éliminés et de ne pas retourner dans la circulation sanguine.

Que disent les recherches modernes ?

*L’asperge a des propriétés anticancéreuses importantes du fait qu’elle contient entre autres du carotène et du glutathion. Dans certains pays, dans les formes de cancers dits « désespérés » une cure d’asperge a permis d’obtenir des résultats spectaculaires.

*Elle permet de dissoudre les calculs rénaux quand ils sont d’origine calcique.

*Elle contient une grande quantité de protéines appelées Histones qui contrôlent la croissance cellulaire.

*Elle est riche en éléments nutritifs, faible en calories, en sodium et en cholestérol.

*Elle contient énormément de potassium.

*Elle contient une substance appelée Rutine qui renforce les vaisseaux sanguins.

*Elle contient surtout une très grande quantité d’antioxydants capables de réduire les dommages causés par les radicaux libres dans le corps.

*Les recherches modernes ont montré, en dehors de son action sur les cancers, qu’elle est dépurative, laxative et galactagogue, c’est-à-dire qu’elle augmente la sécrétion lactée.

Mode de préparation

On devrait consommer les asperges de région et de saison, c’est-à-dire en mai et en juin.

Un proverbe dit : le 24 juin à la St jean, la saison de l’asperge prend fin. « Quand les cerises sont rouges, l’asperge est morte ».

L’asperge ne se mange pas crue, mais  ne doit pas être cuite trop longtemps, car elle perdrait une grande quantité de ses vertus médicinales.

Ne les faites cuire que dans très peu d’eau, juste le temps nécessaire pour les attendrir. À la vapeur c’est le mieux.

Pour conserver leur belle couleur verte, les arroser d’eau glacée juste après les avoir retirées de l’eau de cuisson.

Le secret de l’asperge tient à sa fraîcheur. Surtout pour les asperges sauvages qui doivent être consommées quelques heures après la cueillette

Contre-indications

*On doit éviter d’en prendre quand on a déjà fait des calculs rénaux à base d’acide urique qui sont beaucoup plus rares (10% des cas) que ceux d’origine calcique. Dans ce cas-là, l’asperge est indiquée.

*Sa haute teneur en acide urique la contre-indique aussi en cas de goutte et d’arthrite.

*À ne pas consommer en cas d’insuffisance rénale chronique.

 

 

 

 

 

 

Conclusion

C’est un légume idéal pour la santé, dans le cadre d’une vraie politique de prévention. Mais vous ne devez pas obligatoirement focaliser dessus, car comme vous pouvez le constater, il y a bien d’autres fruits et légumes de saison et de région qui font aussi partie de la « pharmacie du Bon Dieu ».

Mais lorsque vous voulez vous servir de l’asperge pour rééquilibrer votre corps, vous pouvez en consommer toute l’année, soit sous forme fraîche, de culture ou conservée en bocaux. Achetez-les alors sous forme bio pour avoir le moins possible d’agents conservateurs.

La FRAISE

LA FRAISE, Cǎo Méi                   par Jean Pélissier professeur en MTC

La fraise vient du fraisier, Fragaria, qui est une plante herbacée.

Fraise vient du latin « fragra » , qui a aussi donné « fragrance » qui fait référence à l’odeur dégagée par la fraise.

Saviez-vous que c’est un « faux fruit ».

C’est le réceptacle charnu de la fleur qui s’hypertrophie sous l’action des hormones de croissance des petits grains jaunes, les akènes, qui sont les véritables fruits des fraisiers.

Il existe des centaines de variétés de fraisiers, mais si vous avez déjà goûté des fraises des bois, ou bien de culture comme la « gariguette », vous vous abstiendrez d’acheter ces grosses fraises chargées d’eau et sans goût, bodybuildées aux engrais.

Les fraises des bois sont connues depuis l’Antiquité.

Les Romains les utilisaient déjà comme cosmétiques.

Le fraisier est originaire à la fois d’Asie, d’Europe et d’Amérique.

Une des raisons de cette dissémination est que les akènes, les vrais fruits du fraisier sont facilement ingérés par les oiseaux et ainsi « transportés » aux quatre coins de la terre.

Un proverbe chinois dit : « Chaque jour, manger une fraise est favorable à la beauté, renforce le corps, fortifie et nourrit ».

Que dit la médecine chinoise ?

Son nom est donc Cǎo Méi草莓

La fraise est de saveur Douce et Acide et de nature Fraîche.

Nous savons que l’association de la saveur douce avec la saveur acide est très humidifiante.

C’est pour cela qu’il ne faut pas en prendre en grande quantité pour ne pas déséquilibrer la Rate qui « déteste l’humidité ».

Un aliment de nature Fraîche permet d’évacuer l’excès de chaleur dans le corps, d’humidifier la sécheresse, de régénérer les liquides organiques et de réchauffer le sang.

Les méridiens-organes cibles sont :

    • Les poumons.
    • La Rate.
    • L’Estomac.
    • Et la Vessie.

Cǎo Méi a pour principales actions :

    • De clarifier et d’humidifier les poumons.
    • D’humidifier les intestins.
    • Et de favoriser la diurèse.

 

 

 

 

 

 

Ses indications principales :

*En cas de toux sèche, de gorge douloureuse, d’aphonie, souvent dues à des problèmes de sécheresse du Poumon, la fraise peut être très utile.

*Poumon et Gros Intestin font partie du même « logiciel-organe » en MTC.

Des problèmes de sécheresse du Poumon, par exemple, due à l’action asséchante de la fumée de la cigarette peuvent entraîner une sécheresse du Gros intestin.

Cela peut déclencher des problèmes de constipation avec selles sèches et possibilités d’hémorroïdes.

Les fraises sont indiquées dans ce cas-là. On peut les classer comme plantes laxatives.

*Agissant sur le méridien de la vessie, elle est diurétique. Elle est indiquée lors des problèmes de dysurie, c’est-à-dire de difficultés à uriner ou d’oligurie.

*Lorsque l’on consomme trop de sucres rapides, trop de graisses saturées, d’alcool, cela peut déboucher sur un problème de chaleur-humidité au niveau de la Rate.

Un des symptômes classiques est la crise de goutte.

Une bonne recette : « Écrasez 80gr de fraises, y ajouter du sucre cristallisé et mélangez avec 100ml d’eau chaude. Buvez le tout une fois par jour pendant 9 jours ».

*C’est un excellent fruit pour réhydrater et désaltérer en cas de forte chaleur.

*Un masque aux fraises écrasées nettoie et rafraîchit votre peau.

Ce masque aide à diminuer les rides, à rééquilibrer la peau et à éclaircir le teint. Il est particulièrement indiqué pour les peaux grasses.

Vous écrasez une poignée de fraises bien mûres et étalez cette pâte sur le visage déjà lavé.

Vous laissez agir le plus longtemps possible, en faisant une séance de relaxation par exemple.

Que disent les recherches modernes ?

*Elles ont pu montrer que la fraise était très riche en vitamine C, puissant antioxydant, en vitamine A pour les défenses immunitaires, en vitamine K pour le système nerveux, en calcium et en magnésium.

*Elle contient entre autres des anthocyanes bénéfiques pour l’élasticité des artères. I

ls sont capables d’inhiber les multiplications cellulaires dans les cas de cancer du côlon, de la prostate et de la cavité buccale.

*Elle aide à lutter contre les bactéries et elle est dépurative.

*Le sirop de fraises naturellement sucré est excellent pour l’élimination des calculs biliaires.

*Sa couleur rouge est donnée par les flavonoïdes, puissants antioxydants.

La fraise est minéralisante et alcalinisante, s’opposant à un terrain trop acide qui peut par exemple être la cause de chutes de cheveux, de rhumatismes, de crises de gouttes…

Mode de préparation

Bien évidemment, l’idéal serait de les cueillir soi-même, au petit matin quand les fruits sont gorgés de saveur et qu’elles sont bien fermes.

Elles peuvent être conservées 2-3 jours au frais.

On ne les lave qu’au moment de leur utilisation, en gardant leur pédoncule pour éviter que le fruit se gorge d’eau.

Les recettes sont infinies : crues, cuites, en salade, etc…

La confiture de fraise a la propriété de ne perdre que très peu les effets antioxydants de la fraise (bio avec le moins de sucre rajouté !).

Contre-indications

*En cas de faiblesse de la rate avec des selles molles, il convient d’éviter l’excès de fraises.

*Les fraises contiennent de l’histamine, ce qui explique que certaines personnes affaiblies puissent déclencher une allergie, surtout en début de saison, et surtout chez les enfants.

Conclusion

Fruits de saison et de région et ne pas en prendre de manière excessive tous les jours, mais en pleine saison 2-3 fois tous les neuf jours.

Je partage avec vous cette citation : « Celui qui cherche un goût de fraise au vin et un goût de noisette au beurre ne doit pas s‘étonner s’il trouve des cailloux dans ses lentilles ».

Le CHOU RAVE

LE CHOU RAVE, Pie Lan                      Par Jean Pélissier professeur en MTC

Le chou rave est une variété de chou. C’est la base de sa tige renflée qui est utilisée comme légume. C’est donc un tubercule aérien.

 Il fait partie de la famille des brassicacées. Mais un de ses autres noms est gongylode qui veut dire « genou ». En effet, sa partie bulbeuse donne l’impression que la plante est agenouillée sur le sol. On l’appelle aussi « chou de Siam ».

Il est donc utilisé comme légume. Dans les temps de disette, on l’utilisait au même titre que le topinambour et le rutabaga.

Actuellement il est délaissé comme bien des légumes oubliés, mais nous allons pourtant voir qu’il a, en dehors de ses vertus culinaires très prisées dans la cuisine dite moderne, de très intéressantes propriétés médicinales.

Sa chair est tendre avec un goût très fin au parfum de noisette. Utilisé depuis fort longtemps en Chine, dans nos régions, il serait originaire du bassin méditerranéen. Les Romains l’appelaient « le chou de Pompéi ». De là, il a été exporté vers le nord de l’Europe.

C’est un légume très utilisé par les pays germaniques, peut-être pour ses propriétés diurétiques comme nous allons le voir.

Un dicton populaire dit : « un bouillon de choux raves fait perdre au médecin cinq sous ».

Que dit la médecine chinoise ?

Son nom est donc Piē Lán, 撇蓝.

Sa saveur est douce et piquante et sa nature est fraîche.

Elle pénètre dans les méridiens-organes :

                  de la Vessie et

                  du Gros Intestin.

Piē Lán a pour principales actions de

                  Favoriser la diurèse.

                  Permettre de clarifier la vessie.

                  D’éliminer la toxicité.

                  D’enlever la « chaleur du gros intestin ».

                  D’ouvrir l’appétit.

                  De faire descendre l’énergie en excès.

Ses indications principales :

*le chou rave est diurétique. Mais c’est aussi un antiseptique des voies urinaires. En médecine chinoise, on parlera de « chaleur-humidité » dans la vessie. La traduction occidentale est la cystite, l’urétrite avec des urines fréquentes, pressantes et troubles.

*En agissant sur le gros intestin, il permet d’atténuer l’inflammation de la muqueuse intestinale qui peut être à l’origine de saignements.

*Il permet d’atténuer les symptômes secondaires d’une prise excessive d’alcool.

*Il est indiqué dans les cas d’indigestion, d’accumulation d’aliments non digérés que l’on appelle Pei Lei en chinois.

*Le fait qu’il puisse éliminer la toxicité le rend intéressant dans les problèmes d’ictère, de furoncles, de dermites, d’abcès du sein. Il peut alors être préparé sous forme de décoction ou en cataplasme externe.

*Il est dit que boire du jus de chou rave frais peut suffire à faire arrêter des saignements de nez.

Que disent les recherches modernes ?

*Le chou rave trouve une place de choix dans les traitements d’ulcères gastriques et duodénaux.

*Il est très riche en magnésium, qui joue un rôle important dans la transmission de l’influx nerveux et la régulation du rythme cardiaque. Nous savons que sa carence est en Occident une des causes de la spasmophilie.

*Plusieurs études ont montré qu’une consommation régulière pouvait prévenir certains cancers tels que ceux des poumons, des ovaires et des reins. Je vous rappelle que consommation régulière veut dire une à deux fois tous les neuf jours, pendant la saison de production.

Il permet de prévenir le déclin des fonctions cognitives des personnes âgées, donc d’agir sur Alzheimer.

Mode de préparation

*On pourra le consommer cru, par exemple râpé ou en salade, coupé en fines lamelles.

Mais aussi à l’étuvée, en soupe, dans les potages comme dans le pot au feu, dans les ragoûts… Quand on le cuit à l’eau, la cuisson ne doit pas excéder 20-30 minutes à l’eau ou à la vapeur.

*Quand on le fait en décoction, pour des vertus médicinales, on ne doit pas dépasser la dose de 30 à 60gr par jour.

*On peut donc aussi l’utiliser en usage externe comme cataplasme.

*On prendra soin de choisir des choux raves de 5-7 cm de diamètre. Plus gros ils seraient fibreux.

Contre-indications

Ne pas en consommer en cas de diabète.

Conclusion

C’est le type même de légume qui a tendance à passer un peu aux oubliettes, à tel point qu’en France on s’en sert prioritairement pour nourrir les animaux avant l’humain!

On en trouve rarement dans les étals de nos supermarchés. Et pourtant dans la grande variété de produits fournis par la pharmacie du Bon Dieu, il tient une place de choix. Force faisant loi, à nous de le réhabiliter par une consommation plus régulière…

AIL

L’AIL,   Da Suan                      Par Jean Pélissier professeur en MTC

De tous temps, l’ail a été présenté comme une panacée, pouvant traiter de très nombreux troubles.

C’est aussi bien un condiment qui peut donc servir dans bon nombre de nos plats cuisinés, mais aussi un produit de pharmacopée traditionnelle à part entière. Il peut alors être préparé en pilules, en décoctions, nature, etc…

Les bulbes sont récoltés au printemps et en été, regroupés en grappes attachées en tresses et suspendues pour une meilleure ventilation et un séchage à l’ombre.

Nous verrons que les meilleurs sont de couleur rose/violacée et qu’il faut éviter des cuissons trop longues pour en tirer le maximum de propriétés médicinales.

Son nom latin est Alium Sativum. Il serait originaire de l’Asie centrale. Il est utilisé depuis plus de 5000 ans et on en retrouve des traces dans tous les peuples traditionnels.

Les athlètes grecs en prenaient de grandes quantités pour son pouvoir fortifiant. La légende dit qu’Ulysse l’avait utilisé comme antidote pour ne pas être changé en pourceau. Même Hippocrate vantait ses vertus. Il le classait parmi les médicaments sudorifiques. Il disait qu’il était « chaud, laxatif et diurétique ».

Dans tous les rituels traditionnels, l’ail avait un rôle protecteur contre les influences néfastes ou les agressions dangereuses.

Que dit la médecine chinoise ?

L’ail, Da Suan est de saveur âcre, piquante et sa nature est tiède, à tendance chaude.

Les méridiens et organes cibles sont ceux :du Poumon, de la Rate et de l’Estomac.

Je vous rappelle que la saveur piquante est à mettre en relation avec l’énergie du Poumon et que le piquant fait circuler l’énergie et le sang. Cette saveur a aussi comme propriété de « disperser le Vent » (en MTC, le vent est le vent du climat, mais aussi tout ce qui est véhiculé par le vent, les microbes, virus, etc..). En petite quantité, le piquant tonifie le poumon et, en excès, il blesse le poumon et le cœur et affaiblit les liquides organiques.

 

Actions

L’ail favorise l’évacuation des toxines. C’est un puissant anti-inflammatoire et anti-infectieux.

Il réduit les gonflements et l’inflammation.

Il tue les parasites. C’est un vermifuge, un antiparasitaire intestinal (oxyures, ascaris…)

Il calme la dysenterie.

Il active la circulation du Qi, de l’énergie et favorise la digestion. Il s’oppose donc aux pathologies liées à la stagnation alimentaire. Il est dit « qu’il réchauffe l’Estomac, réchauffe la Rate et tiédit le centre »

       Guang Mu dit : « l’odeur de l’ail est forte ; elle permet de faire circuler l’énergie dans les cinq organes avec leurs orifices, elle chasse l’humidité et le froid, supprime le pervers, dissipe les œdèmes et élimine les stagnations alimentaires ».

C’est un puissant antiallergique.

Autres effets :

*en cas de diarrhée liquide par excès d’absorption d’aliments crus et froids, on utilise une décoction d’ail. Cette même décoction est très intéressante en cas de vide de Yang de la rate-estomac, entraînant des sensations de douleur, de froid dans l’estomac et l’abdomen.

*On l’utilise en cas d’intoxication alimentaire avec vomissement et diarrhée.

*Comme il est capable d’éliminer Re Du, la chaleur toxique, il est très utile en cas de coqueluche, de tuberculose pulmonaire, de furoncles, d’anthrax ou de diarrhées infectieuses.

*Traditionnellement, les mères de familles chinoises l’utilisent en cas de pleurs nocturnes des enfants avec des douleurs abdominales et une pâleur du visage.

*Pensez à en consommer lorsque vous voyagez dans les climats chauds et humides. Une consommation régulière vous protégera de la tourista

*Comme nous l’avons déjà vu, il prévient ou accélère la guérison, lors d’attaques externes comme la grippe, le rhume ou  la bronchite.

*De par son action très importante sur les poumons, il facilite l’expectoration du Tan, des mucosités.

*Dans les familles chinoises, il est utilisé en tant que moyen de prévention et de traitement des grippes épidémiques, des encéphalites épidémiques. On prend alors de l’ail en solution par voie nasale à raison de 10% d’ail, ou 5gr pendant le repas.

* Quelques remèdes de « bonne femme » :

En cas de piqûre d’insecte, frottez avec une gousse d’ail coupée en deux la zone blessée. La même action peut venir à bout de certaines verrues.

L’ail écrasé ou en infusion peut nettoyer toutes les plaies, coupures et brûlures superficielles.

Que disent les recherches modernes?

La médecine moderne s’accorde à dire que l’ail est :

Hypotenseur.

Qu’il diminue le taux de cholestérol et les triglycérides.

Qu’il lutte contre l’artériosclérose en évitant, entre autres, les agrégations plaquettaires. Il est donc excellent dans la prévention des maladies cardio-vasculaires.

Il a des vertus anticancéreuses reconnues comme les cancers de l’estomac, de l’œsophage, du gros intestin, du sein, des ovaires…

C’est un puissant antidote en cas d’intoxication au plomb.

Rappelons-nous que Pasteur a démontré le pouvoir antibactérien de l’ail. C’est aussi un antifongique.

Globalement, l’ail permet d’augmenter les défenses  immunitaires.

Mode d’utilisation

*L’ail peut se consommer cru, cuit, grillé, sauté, bouilli, en jus, etc…

*la dose quotidienne à ne pas dépasser est de 5 à 10gr en décoction ou en prise crue, ce qui représente 3 à 5 gousses.

*On peut aussi le trouver en gélules ou en pilules.

*En usage externe, on en fera un broyat, ou un gommage à partir d’une gousse coupée.

*Le fait d’enlever le germe le rend beaucoup plus facile à digérer.

*Pour faire disparaître la mauvaise haleine, après consommation, il faut mâcher longuement du persil, ou une graine de café ou quelques graines de cardamome.

 Contre-indications

Nous allons voir que ces contre-indications sont très importantes à connaître. Certaines coulent de source, d’autres sont un peu plus indirectes.

*En application externe prolongée, cela peut localement entraîner des rougeurs et des sensations de brûlure de la peau.

*Les décoctions ou solutions d’ail sont interdites chez les femmes enceintes. De même, si une maman allaite, elle doit éviter d’en consommer de trop sous peine de donner un goût trop fort au lait.

*On doit éviter d’en consommer en cas d’inflammation de la cavité buccale ou des yeux.

*Ne pas en consommer en cas de grande fièvre ou de soif importante, car la saveur piquante augmenterait les symptômes. De même, dans certains troubles digestifs comme les ulcères ou hyperacidité gastrique.

* En cas de faiblesse importante du Yin des Reins, avec des bouffées de chaleur, des transpirations nocturnes.

*Il faut savoir que l’ail est incompatible avec le miel.

*Dans les périodes de convalescence des maladies épidémiques.

*Dans le Ben Cao Jing Shu, il est dit : « L’ail est contre-indiqué dans les symptômes de chaleur du Poumon, en cas de feu du Foie et des Reins, dans les cas de vide d’énergie et insuffisance de sang ».

*Une consommation quotidienne permanente risque de blesser le Foie.

Conclusion

Pour l’ail, il convient de bien en connaître les contre-indications, en particulier celles relatives à l’excès de saveur piquante. Une fois bien compris, l’ail tient une place de choix dans la « pharmacie du Bon Dieu ». Je vous renvoie toujours aux grands principes de la diététique qui prônent la modération, le retour aux plats traditionnels de saison et de région et la fameuse loi des neuf jours. 

L’épinard

LES EPINARDS, Bo Cai         Par Jean Pélissier professeur en MTC

C’est une plante originaire d’Orient et d’Extrême-Orient. Inconnue des Grecs et des Romains, ce sont les Arabes qui l’introduisirent en Espagne.

En France, sa popularité a débuté lorsque Catherine de Médicis en a fait un de ses mets de choix. Les préparations dites « à la Florentine » viennent de là.

La meilleure saison pour consommer les épinards se situe de novembre à mai. Les variétés les plus connues sont le « géant d’hiver » et le « monstrueux de Viroflay ».

Que dit la médecine chinoise ?

La saveur de l’épinard. Bo Cai est Douce, Gan. Sa nature est Fraîche, Liang.

Il est utile de rappeler que la saveur douce, en pharmacopée chinoise a une action de tonification, d’harmonisation et de modération. La saveur fraîche, quant à elle, peut éliminer les symptômes de chaleur.

Les méridiens-organes destinataires sont ceux :

–       Du Gros intestin

–       De l’estomac,

–       Du Foie

–       Et du Poumon et de la Rate.

Bo Cai a pour principales actions de :

– « Nourrir le sang ». En effet la feuille d’épinard est hémostatique et elle permet aussi d’éliminer le « mauvais sang ». C’est d’ailleurs pour une de ces raisons que l’on ne doit pas en consommer trop, sous peine de réveiller une acné ou de susciter des furoncles. Le Du, le poison contenu dans le sang, au lieu de sortir par les selles et les urines risque de sortir par la peau.

« D’humecter la sécheresse ». Elle a alors une action laxative douce, car elle lubrifie le gros intestin.

– On dit que Bo Cai « rend les voies du sang perméables », donc dissipe les stagnations.

– Elle favorise les cinq organes.

– Elle canalise la chaleur de l’estomac.

– Elle libère et neutralise les toxiques de l’alcool.

– On dit aussi qu’elle « ouvre le diaphragme », Xiong Ke. Elle a donc potentiellement une action bénéfique sur la respiration.

– De par son action sur le Foie, elle chasse la chaleur du sang, clarifie la vue puisque les yeux sont à mettre en relation avec le Foie en MTC.

– Elle a une action aussi très importante de régénération des liquides organiques, les Jing I.

Voyons un peu ce que disent les compendiums de pharmacopée chinoise :

*Les personnes âgées devraient en consommer régulièrement, car elles présentent souvent un problème de sécheresse du gros intestin qui favorise une constipation chronique. Cette sécheresse du Gros Intestin se retrouve aussi chez les personnes fatiguées, affaiblies, ou en convalescence.

*Les épinards sont très intéressants dans les régimes de diabétiques. Quand l’origine du diabète se trouve au Poumon ou au Foyer Moyen (Rate-Estomac), une soif excessive, avec lèvres sèches peut alors s’installer. Par son action humidifiante et régénérative des liquides organiques, Bo Cai est très utile.

Le diabète peut toucher les trois foyers. Lorsque l’origine se situe surtout au niveau du foyer supérieur (Poumons), c’est la soif qui prédomine. Lorsque c’est le foyer moyen, c’est l’envie de manger en excès et quand c’est le foyer inférieur, il y a prédominance de problèmes urinaires.

Une des premières causes invoquées en MTC est la perturbation des émotions et des sentiments. Ensuite viennent le surmenage, les déséquilibres alimentaires (abus de matières grasses et de sucre). Tous ces facteurs génèrent une sécheresse des viscères et des organes, ce que l’on appelle un « vide de Yin » qui laissera s’échapper le feu.

*L’épinard est très intéressant en cas de saignements internes au niveau du système digestif de par son action hémostatique. De même en cas d’hémorroïdes, de fissures ou de fistules anales, surtout si conjointement, il y a de la constipation.

*Par son action sur les liquides organiques et le Poumon (rappelons-nous que la peau appartient au Poumon en MTC), l’épinard va donner une « belle peau », surtout si celle-ci est sèche et flasque.

*Sa richesse en fibre en fait un véritable « balai » de l’estomac et des intestins.

* Une recette de grand-mère parmi d’autres, contre les pellicules, dues entre autres à un excès de Tan et une raréfaction des liquides organiques :

« Faire cuire une livre d’épinards frais dans de l’eau en ébullition. Filtrer l’eau et mettre les feuilles sur la tête (en ne le montrant à personne…). Frictionner le cuir chevelu pendant 4-5’. Rincer avec un shampooing doux. Recommencer 3 fois sur 3 semaines… ».

Que disent les recherches modernes ?

*Les épinards sont riches en nitrates. Sous l’action de la mastication et grâce aux bactéries contenues dans la bouche, ils se transforment en nitrites qui sont impliqués dans la vasodilatation et la fluidification du sang.

*Leurs richesses en fibres, en antioxydants, en  provitamine A permettent de prévenir certains types de cancers, en particulier celui du sein.

*Riches en lutéine et en zeaxantine, ils possèdent une action préventive sur les troubles de dégénérescence maculaire et la cataracte. Ce n’est qu’une traduction moderne de ce que disent les textes anciens.

*En dehors des yeux, ils sont très utiles pour les problèmes d’anémie, d’excès de graisse au niveau du Foie (stéatose hépatique).

Mode de préparation.

*Sur le marché bio ou dans son jardin, mieux vaut choisir les feuilles bien formées, non tâchées, fermes et d’un beau vert sombre.

*On peut les cuisiner en purée, à la vapeur, sautées, en soupe, cuites à l’eau… Les feuilles peuvent aussi se manger en salade, à condition de ne pas être déjà en état de « froid interne ».

*Une préparation très connue en Chine, en cas de diabète, consiste à préparer une décoction avec des racines d’épinards broyées et de la membrane interne de gésier de poulet. À boire 3 verres par jour.

*Pour conserver le plus possible ses qualités nutritives, il faut les choisir les plus fraîches possible, la cuisson doit être très courte (par exemple à feu vif dans une poêle ou un wok, avec un peu d’huile), et on doit les consommer aussitôt cuites.

*Il faut éviter la cuisson à l’eau, et éviter de les faire tremper trop longtemps pour les laver, car les ingrédients bénéfiques sont solubles dans l’eau et appauvrissent la feuille.

*Bien que d’autres légumes contiennent beaucoup plus de fer que les épinards, n’en déplaise à l’oncle Sam et à Popeye, si on veut augmenter l’absorption de ce fer, il faut les consommer avec du bœuf, si on n’est pas végétarien. D’autre part, le fer des épinards est beaucoup mieux absorbé par le corps quand il est cuit avec une source de vitamine C comme du jus de citron, de mandarine ou de clémentine.

*Sous forme de cataplasmes, il était destiné à soigner les douleurs d’estomac.

Contre-indications

*une consommation abusive d’épinards peut favoriser l’apparition de furoncle comme nous l’avons dit plus haut, mais aussi blesser les intestins et l’estomac.

*Il faut éviter d’en prendre pendant un syndrome grippal, une attaque externe, car cela risque de favoriser la pénétration de la « perversité » plus en profondeur et déclencher un problème de toux persistante.

*On doit éviter d’en consommer en cas de selles molles ou de diarrhées chroniques.

*En cas de néphrite, de cystites, de goutte, car il contient de l’acide oxalique et de l’acide urique. C’est d’ailleurs une raison de plus de se passer de produits laitiers. En effet l’acide oxalique transforme le calcium du lait en calculs rénaux. Par contre Tofu et épinards sont une panacée.

Conclusion

Certes, il est important pour ce légume d’en connaître les contre-indications, mais, bien comprises, nous voyons qu’il faudra réhabiliter les épinards que l’on met trop souvent à l’index.Cela vient peut-être de la petite enfance quand on nous obligeait à manger des feuilles cuites sans goût, car peut-être mal préparées.

Pour éduquer nos enfants, il faudrait peut-être, dès leur plus jeune âge, les habituer aux couleurs. Des épinards réduits en purée dans du riz ou des pommes de  terre passent peut-être beaucoup mieux et cela leur permet de trouver un nouveau goût dans leur palette de dégustation.

Aïgo Boulido

AÏGO BOULIDO                                                 par Annie OLLIVIER professeur de Qi-Gong

En Provence, cette soupe est plus un remède qu’une soupe.

Elle vient contrer la grosse fatigue des lendemains de fête.

Certains, plus gourmands et au foie plus solide, y rajoutent des croûtons recouverts de fromage râpé sur fond d’huile d’olive et même un oeuf entier.

Le bouillon est ensuite versé sur les croûtons et le fromage, et l’oeuf.

Vous aurez deviné qu’aïgo boulido veut dire « eau bouillie » en Provençal.

Temps de préparation : Assez rapide

Ingrédients pour 6 personnes :
1 litre d’eau
1 tête d’ail (gousses épluchées) (Rate, Poumons)
3 ou 4 branches de sauge (Poumons, Rate)
Qqes CS d’huile d’olive (Reins)
Qqes CS de gruyère râpé (Rate)

Faites bouillir l’eau. Dès qu’elle arrive à ébullition, ajoutez-y les gousses d’ail.

Laissez bouillir pendant 15 à 20 minutes.

Au moment de servir, ajoutez les branches de sauge et faites bouillir pendant une minute.

Versez un filet d’huile d’olive dans le fond de l’assiette creuse, déposez-y les croûtons et le fromage si vous le désirez.

Si vous laissez infuser la sauge trop longtemps, le bouillon sera trop amer.

La Patate douce, Fan Shu

LA  PATATE  DOUCE, Fan Shu

Par Jean Pélissier professeur en MTC

La patate douce, Fan Shu, est originaire d’Amérique centrale. Sa trace remonte à plus de 12000 ans. Elle est consommée depuis le 16e siècle dans toute l’Asie. Son nom amérindien est « batatas », ce qui a donné patate.

Baptisée « Imo » en Japonais, c’est un des mets favori des centenaires d’Okinawa.

Nous allons voir que la patate douce est beaucoup plus intéressante que la pomme de terre,

tant sur le plan nutritionnel que sur celui de la préservation de la santé.

Il en existe plus de 500 espèces. La plus courante, la meilleure, est la patate douce orangée.

 Que dit la médecine chinoise ?

La saveur de la patate douce est, comme son nom l’indique, douce.

Sa nature est neutre et sans toxique.

Nous verrons, quand nous étudierons plus tard le riz, que lorsqu’un aliment est qualifié de neutre, c’est qu’il convient quasiment à tout le monde. Qu’il n’y a pas de possibilité d’allergies et que les apports nutritionnels sont à leur maximum.

Les méridiens-organes destinataires sont ceux :

                  de la Rate,

                  de l’Estomac,

                  du Gros Intestin

                  et des Reins.

Fan Shu a pour action principale de :

« Renforcer la Rate et de soutenir l’Estomac ». En médecine chinoise, on parle d’action bénéfique donc sur le foyer moyen.

Elle « engendre les liquides organiques », les Jing I,  et arrête la soif.

En agissant sur le Gros Intestin, elle « débloque les selles » .

La rate a, entre autres, le rôle de « conserver le sang dans les vaisseaux ». En tonifiant celle-ci, la patate douce permet «d’harmoniser le sang ».

On dit aussi qu’elle est utile au souffle, sous-entendu à l’énergie.

Voyons un peu ce que disent les compendiums de pharmacopée chinoise :

*La patate douce est très intéressante dans les états de fatigue, de souffle court et de manque de force. En renforçant la Rate qui, je vous le rappelle, est le chef d’orchestre de la digestion du bol alimentaire, mais aussi le centre de production du sang et de l’énergie dans le corps, elle permet de renforcer l’organisme. Avec le riz, c’est un des aliments les plus nutritifs pour l’organisme. On la consomme alors cuite à la vapeur.

*La patate douce est tout à fait indiquée en cas d’état de chaleur et de plénitude, et ce, grâce à son rôle harmonisant, humidifiant et réhydratant.

Dans les traités de médecine chinoise, elle est, par exemple, indiquée dans les états de chaleur-humidité à même de déclencher un ictère, des problèmes d’abcès au sein, des furoncles.

*Elle peut aussi agir dans les diarrhées postprandiales dues à une pénétration d’humidité-chaleur consécutive à une trop grande absorption d’alcool. Cet état déclenchant donc un « effondrement de la Rate ».

Mais, à l’inverse, toujours avec cette notion de neutralité-harmonisation de ce tubercule, c’est un laxatif doux capable de débloquer les selles surtout quand ces problèmes de constipation sont dus à une diminution du péristaltisme intestinal.

La conjonction des deux facteurs que sont l’augmentation de production d’énergie dans le corps et des fibres qu’elles contiennent permet d’arriver à ce résultat.

*Lorsque nous sommes sous l’emprise d’émotions intériorisées qui génèrent des blocages et des stagnations au niveau des intestins entraînant la trilogie « rubor-calor-dolor », c’est-à-dire des inflammations, des douleurs et des gonflements, la patate douce est alors très efficace pour réguler et prévenir. Surtout, quand ces situations sont accompagnées de soif ou d’agitation excessive.

*La patate douce est efficace en cas de gros problèmes de déshydratation avec une soif excessive. Il faut alors la consommer crue ou centrifugée.

*Dans le Gang Mu Shi Yu, il est dit « Fan Shu réchauffe l’estomac. Les patates douces à chair blanche tonifient l‘énergie du poumon. Si on y ajoute une tranche de gingembre, son rôle d’harmonisation du foyer moyen est comparable à celui obtenu par l’association du gingembre et du jujube ».

*Dans le Sui Xi Yin Shi Bu, il est dit : « Crue ou cuite, la patate douce tonifie la Rate et l’Estomac et est utile à la force physique. Elle facilite la résistance contre le vent et le froid, donne un bon teint. En petite quantité, elle calme le mal de mer ».

Que disent les recherches modernes ?

La forme la plus courante est la patate douce à chair orange.

Cette couleur est donnée par le carotène qui est un puissant antioxydant. Elle protège donc, entre autres, l’organisme contre les maladies cardio-vasculaires, certains types de cancers, mais aussi contre la cataracte.

Elle a donc d’extraordinaires propriétés d’antivieillissement.

Rappelons que le carotène a une action directe sur la bonne vision nocturne et prévient la myopie. Rappelons-nous aussi que « les yeux sont l’ouverture du Foie » en énergétique chinoise.

Une recette très connue en Chine est de mélanger du foie d’agneau ou de poulet avec la patate douce. Cela va avoir un effet très positif sur la vision et en particulier l’héméralopie.

Une étude récente a montré qu’une boisson à base de patate douce améliore les fonctions hépatiques chez les sujets à risque et régule le taux d’enzyme hépatique.

Elle contient un taux élevé de vitamine E bénéfique pour la peau, le cœur et la fertilité.

Les fibres grosses et le mucilage qu’elle contient, mais aussi sa forte teneur en amidon permettent, comme nous l’avons vu plus haut, d’augmenter le péristaltisme intestinal.

Les nutritionnistes modernes chinois ont pu mettre en évidence que la consommation régulière de Fan Shu était plus qu’intéressante dans la prévention des cancers, des maladies hépatiques et rénales.

D’autre part, il conviendrait d’en consommer beaucoup plus après un accouchement pour reconstituer le sang et l’énergie.

Enfin la patate douce a une action très importante sur la régulation de l’appétit. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle est très utile quand on veut réguler son poids à condition de consommer des légumes à côté et de ne pas prendre de beurre avec ! ! !

Elle doit se mastiquer nature dans la bouche pour donner tous ses pouvoirs.

Modes de préparation

La patate douce se consomme aussi bien crue, bouillie, sautée, cuite à la vapeur, grillée, en purée, ou en jus.

L’épluchage n’est pas obligatoire. La peau est très fine. Il suffit de bien la laver, de la brosser soigneusement.

Quand on la cuit à l’eau, cela demande entre 20-25’. Au four entre 45-60’ en faisant au préalable une entaille.

Il convient de choisir les patates douces ayant un beau rouge orange vif. Les éviter si elles présentent des taches noires qui peuvent être toxiques.

Les feuilles sont comestibles et sont utilisées en médecine chinoise pour prévenir les cancers du poumon.

Contre-indication

Quand on se trouve en vide de Rate avec des symptômes de selles molles à répétition, il faut éviter de la consommer crue ou en jus.

Conclusion

Vous avez bien compris, au vu de ce qui vient d’être énoncé, que l’on devrait petit à petit remplacer la pomme de terre par la patate douce.

Certes, la pomme de terre commune est tout à fait comestible, mais les apports nutritionnels, et surtout la digestibilité de ces deux tubercules est sans comparaison.

Cela pourrait devenir un excellent créneau pour nos agriculteurs « bio », d’autant plus que la patate douce est beaucoup moins chère à produire que la pomme de terre, ce qui est un comble.


Sa consommation se répand dans le monde entier. À nous d’en tirer parti.

Si vous avez des enfants, testez la purée de patate douce : ils vont adorer.