Le Potiron

LE  POTIRON, Nan Gua                                           par Jean Pélissier  professeur en MTCnan gua potiron

La citrouille et le potiron sont des courges qui font donc partie de la famille des cucurbitacées. En chinois, c’est Nan Gua. Il en existe de multiples variétés, de multiples formes.

Cuisinés comme des légumes, ce sont quand même des fruits.
Les premières cultures remontent à plus de 12000 ans. La citrouille (curcubita pepo) était consommée par les Mexicains il y a 7000 ans. La courge musquée chinoise (cucurbita moschata) vient d’Amérique centrale. Le potiron (cucurbita maxima) vient d’Amérique du Sud.
Globalement la citrouille est plus souvent consommée en Amérique du Nord et le potiron en Europe.
La pulpe du potiron possède un goût plus fin que celui  de la citrouille, mais on peut dire, sans trop se tromper, que toutes ces formes de cucurbitacées ont des vertus médicinales très proches.
Gabrielle Marquet a dit : « La citrouille n’a pas besoin d’être transformée en carrosse pour devenir admirable : il suffit de la regarder d’un œil neuf ».
D’autre part, sans porter de jugements sur Halloween, on peut dire que l’importation de cette fête a eu au moins l’avantage de faire redécouvrir pour certains ce légume-fruit ancestral.
Halloween est issue d’une légende d’origine Irlandaise. Chaque année, les Américains ont l’habitude de creuser une citrouille et de la transformer en lanterne pour éloigner les mauvais esprits et aider les bons esprits à retrouver leur chemin. On est loin des dérives commerciales actuelles…

potiron halloween

Nombreux sont les symbolismes qui tournent autour de Nan Gua.  Par exemple dans le Feng shui, il est dit que symboliquement la citrouille réhabilite les passions perdues au sein d’un couple marié et représente les bonnes relations entre parents et enfants.

 

Que dit la médecine chinoise ?
La saveur de Nan Gua est douce et sa nature est tiède.
Dans le Sui Xi Ju Yin Si Bu, il est dit «qu’avant maturité, elle est douce et tiède. Très mûre, elle est douce et fraîche.»
Les méridiens organes destinataires sont :
Les méridiens de la Rate (Zu Tai Yin), comme tout ce qui est de nature douce.
De l’estomac, Zu Yang Ming
Et dans une moindre mesure au Cœur, Shou Shao Yin.
Nan Gua (citrouille, potiron, courge) a pour action principale de :
Tonifier le foyer moyen,
De favoriser la production de Qi,
D’éliminer les états de chaleur,
De neutraliser les toxiques
Et de tuer les parasites.
Voyons un peu ce que disent les compendiums de pharmacopée chinoise :
*Nan gua, pastèque, citrouille, courge est très utilisé dans les cas de fatigue, de faiblesse, de convalescence, de «baisse d’énergie ». Nous savons que la rate-pancréas est le lieu de production de l’énergie tirée du bol alimentaire. Nan Gua, en tonifiant « le centre », favorise donc la production de cette énergie.
*C’est un excellent produit anti « Tan », anti-mucosités. Il dissout les mucosités. C’est un expectorant et il permet même d’évacuer le pus provenant des poumons.
*C’est un extraordinaire alicament pour les problèmes liés aux différents types de parasitologie. Il existe par exemple des protocoles très précis pour se débarrasser du ténia.
Pris régulièrement, Nan Gua permet de réguler et de se débarrasser d’oxyuroses et autres bébêtes.
*Dans les traitements de « buena fama », la purée de potiron sert à traiter les problèmes de diarrhées.
*La pulpe écrasée en cataplasme est très utile dans le cas de brûlure pour «apaiser le feu».
*À l’instar du potiron-courge, la citrouille est légèrement plus amère et neutre. Son action va, en plus du méridien de la rate, sur celui du poumon. Elle permet de calmer l’asthme et d’apaiser la toux.


Que disent les recherches modernes ?
Nan Gua contient des caroténoïdes. C’est d’ailleurs, ce qui leur donne cette couleur orange.
Ce sont des antioxydants très puissants. En luttant contre les radicaux libres (Tan en chinois), leur action est très efficace dans la prévention et le traitement des maladies cardio-vasculaires, dans certains cancers comme ceux du colon, de la prostate et des seins. Mais c’est aussi un anti-vieillissant très appréciable.
Il a été démontré que l’extrait de citrouille permettait de diminuer la glycémie et pouvait même avoir des résultats spectaculaires chez certains insulino-dépendants.

Modes de préparation
Les modes de préparation de ces cucurbitacées sont multiples et variés.
On peut les consommer cuites, bouillies ou à la vapeur, à l’étuvée, en purée, en soupe, en potage. Cependant, il y a une règle : on ne doit jamais consommer Nan Gua cru.
Il convient de les choisir sans taches, ni entailles.
Les petits potirons sont souvent sans saveur, alors que les vieux sont ligneux et donc moins faciles à cuisiner et à manger.On doit les cuire avec très peu d’eau.

Contre-indication
Si on en prend de trop ou trop souvent, cela peut faire stagner l’énergie et favoriser la rétention de liquide.
Comme toujours, il convient d’appliquer la règle des neuf jours qui dit, entre autres, que  « l’on devrait manger neuf fruits ou légumes différents en neuf jours ».
En favorisant ainsi la variété, on redonne le pouvoir à l’organisme de tirer le meilleur de tous ces alicaments.
Cette règle nous fait aussi comprendre qu’un alicament peut par exemple lutter contre la rétention de liquide, mais s’il est pris en trop grande quantité ou trop souvent, il peut favoriser la rétention de liquide par un excès d’humidité interne. C’est ce que l’on appelle la voie du juste milieu.
Il faut bien éplucher ce fruit, car la peau peut être toxique pour le foie.
Souvent, dans la diététothérapie chinoise, on trouve des contre-indications, quant aux associations alimentaires.
Par exemple, traditionnellement, on ne mange pas de potiron en même temps que de la viande de mouton, du foie de porc, de haricots rouges.

ANNEXE
LA GRAINE DE COURGE, Nan Gua Zi, 南瓜子

Mon maître, le professeur Leung Kok Yuen, nous avait fait un cours de plusieurs mois sur la parasitologie.
Nous avions ainsi passé en revue tous les parasites de la création. Nous lui avions demandé le pourquoi d’un tel cours, alors que nous habitions dans un climat tempéré. « Détrompez-vous, nous avait-il répondu. Avec le cancer, la dépression et les sénilités précoces (Alzheimer) ce sera le fléau du troisième millénaire. Votre alimentation trop sucrée, trop riche, trop raffinée, votre manière d’hydrater excessivement votre organisme et la quantité inconsidérée de graisses saturées surtout d’origine animale que vous ingérez va favoriser ce que l’on appelle un état d’humidité au niveau de la Rate ».
Dans la nature, une terre chaude et humide favorise l’apparition de vers (confère le fumier). Dans notre organisme, cet excès d’humidité va non seulement favoriser la multiplication de multiples variétés de parasites, mais aussi faciliter et même attirer leur pénétration extérieure. Combien d’adultes à l’heure actuelle, sans le savoir, sont infestés d’oxyures par exemple ?
Et les grandes méthodes de prévention et curatives qu’il nous avait données, en dehors d’une bonne diététique et d’une bonne gestion des émotions (la dépression est à mettre en grande partie en relation avec la rate en MTC ), c’était la prise régulière de graines de courges séchées et de noix d’arec. On retrouve d’ailleurs ces mêmes alicaments en Afrique et en Inde.


Que dit la médecine chinoise ?
Les graines de courge, Nan Gua Zi sont de saveur douce et de nature neutre.
Elles entrent dans les méridiens de l’estomac et du gros intestin.
C’est avant tout un vermifuge naturel très puissant, qui peut agir aussi bien sur des parasites (Sha Chong) tels que les ténias, mais aussi les oxyures, les ascaris, les ankylostomes.
Pour le ténia, comme je vous le disais précédemment, il existe des protocoles bien spécifiques, entre autres combinés avec la prise de noix d’arec.
Un autre effet reconnu dans la médecine tant dans la médecine moderne que dans la médecine chinoise, c’est leur action sur le foyer inférieur, entre autres, le système urinaire et la prostate.
C’est en effet un excellent alicament pour les problèmes d’hypertrophie de la prostate, les prostatites.
Elles soulagent les symptômes de vessie irritable et hyperactive, les pyélonéphrites.
Dans le post-partum, elles agissent sur les œdèmes (Xiao Zhong) des membres inférieurs.
D’autres actions sont citées dans les compendiums, telle la coqueluche ou les hémorroïdes.
Les Indiens ont l’habitude de broyer des graines de citrouille avec de la chair de « melon d’eau » pour guérir les blessures. En infusion, pour éliminer les déchets stockés dans les reins et réduire les douleurs urinaires.
Les Tziganes hongrois mangent très régulièrement les graines de courge pour prévenir les maladies de prostate et l’impuissance.
En Éthiopie, les graines sont consommées comme laxatif naturel, car elles contiennent entre autres de nombreuses fibres.

À savoir :
*Les graines perdent rapidement leur fraîcheur et rancissent. Le mieux est de les acheter dans les magasins bio, préparées et décortiquées, et bien sûr non salées. Bien voir la date de péremption. On en trouve actuellement sous vide. Elles peuvent être conservées au réfrigérateur, et on doit les consommer et les acheter prioritairement en automne.
*On peut tirer des graines de l’huile de courge, elle aussi excellente quand on n’en consomme que de temps en temps.
Il faut alors la choisir pure à 100%, pressée à froid et là aussi bien regarder la date de péremption.
Elle a des actions similaires aux vertus précédemment citées, mais elle peut aussi  faire disparaître les aphtes et éliminer les caries dentaires.
*Pour les graines, on les consomme aussi sous forme de graines à croquer. L’effet est alors plutôt préventif et semi-curatif. On en prend alors de temps en temps, l’équivalent d’une demi-poignée.
Quand il s’agit d’avoir une action plus puissante, en autres sur la parasitologie, on fait une décoction de 60 à 120 gr de graines moulues, avec ou sans leur enveloppe. Attention de ne pas trop forcer sur les doses.
CONCLUSION
Grâce à cet alicament, Nan Gua, nous avons abordé dans ce cours un pan fondamental de la diététique, à savoir tout mettre en œuvre pour éviter donc ce que l’on appelle « excès d’humidité au niveau de la rate ».
Ce n’est pas pour rien que la saison du potiron se situe en automne, saison humide par excellence. L’humidité externe peut alors se rajouter à l’humidité interne et favoriser les problèmes de parasitologie, de chaleur-humidité au niveau du foyer inférieur (prostatites)…
On en revient toujours à la même règle: «Consommer des fruits et des légumes de saison et de région ».