AIL

L’AIL,   Da Suan                      Par Jean Pélissier professeur en MTC

De tous temps, l’ail a été présenté comme une panacée, pouvant traiter de très nombreux troubles.

C’est aussi bien un condiment qui peut donc servir dans bon nombre de nos plats cuisinés, mais aussi un produit de pharmacopée traditionnelle à part entière. Il peut alors être préparé en pilules, en décoctions, nature, etc…

Les bulbes sont récoltés au printemps et en été, regroupés en grappes attachées en tresses et suspendues pour une meilleure ventilation et un séchage à l’ombre.

Nous verrons que les meilleurs sont de couleur rose/violacée et qu’il faut éviter des cuissons trop longues pour en tirer le maximum de propriétés médicinales.

Son nom latin est Alium Sativum. Il serait originaire de l’Asie centrale. Il est utilisé depuis plus de 5000 ans et on en retrouve des traces dans tous les peuples traditionnels.

Les athlètes grecs en prenaient de grandes quantités pour son pouvoir fortifiant. La légende dit qu’Ulysse l’avait utilisé comme antidote pour ne pas être changé en pourceau. Même Hippocrate vantait ses vertus. Il le classait parmi les médicaments sudorifiques. Il disait qu’il était « chaud, laxatif et diurétique ».

Dans tous les rituels traditionnels, l’ail avait un rôle protecteur contre les influences néfastes ou les agressions dangereuses.

Que dit la médecine chinoise ?

L’ail, Da Suan est de saveur âcre, piquante et sa nature est tiède, à tendance chaude.

Les méridiens et organes cibles sont ceux :du Poumon, de la Rate et de l’Estomac.

Je vous rappelle que la saveur piquante est à mettre en relation avec l’énergie du Poumon et que le piquant fait circuler l’énergie et le sang. Cette saveur a aussi comme propriété de « disperser le Vent » (en MTC, le vent est le vent du climat, mais aussi tout ce qui est véhiculé par le vent, les microbes, virus, etc..). En petite quantité, le piquant tonifie le poumon et, en excès, il blesse le poumon et le cœur et affaiblit les liquides organiques.

 

Actions

L’ail favorise l’évacuation des toxines. C’est un puissant anti-inflammatoire et anti-infectieux.

Il réduit les gonflements et l’inflammation.

Il tue les parasites. C’est un vermifuge, un antiparasitaire intestinal (oxyures, ascaris…)

Il calme la dysenterie.

Il active la circulation du Qi, de l’énergie et favorise la digestion. Il s’oppose donc aux pathologies liées à la stagnation alimentaire. Il est dit « qu’il réchauffe l’Estomac, réchauffe la Rate et tiédit le centre »

       Guang Mu dit : « l’odeur de l’ail est forte ; elle permet de faire circuler l’énergie dans les cinq organes avec leurs orifices, elle chasse l’humidité et le froid, supprime le pervers, dissipe les œdèmes et élimine les stagnations alimentaires ».

C’est un puissant antiallergique.

Autres effets :

*en cas de diarrhée liquide par excès d’absorption d’aliments crus et froids, on utilise une décoction d’ail. Cette même décoction est très intéressante en cas de vide de Yang de la rate-estomac, entraînant des sensations de douleur, de froid dans l’estomac et l’abdomen.

*On l’utilise en cas d’intoxication alimentaire avec vomissement et diarrhée.

*Comme il est capable d’éliminer Re Du, la chaleur toxique, il est très utile en cas de coqueluche, de tuberculose pulmonaire, de furoncles, d’anthrax ou de diarrhées infectieuses.

*Traditionnellement, les mères de familles chinoises l’utilisent en cas de pleurs nocturnes des enfants avec des douleurs abdominales et une pâleur du visage.

*Pensez à en consommer lorsque vous voyagez dans les climats chauds et humides. Une consommation régulière vous protégera de la tourista

*Comme nous l’avons déjà vu, il prévient ou accélère la guérison, lors d’attaques externes comme la grippe, le rhume ou  la bronchite.

*De par son action très importante sur les poumons, il facilite l’expectoration du Tan, des mucosités.

*Dans les familles chinoises, il est utilisé en tant que moyen de prévention et de traitement des grippes épidémiques, des encéphalites épidémiques. On prend alors de l’ail en solution par voie nasale à raison de 10% d’ail, ou 5gr pendant le repas.

* Quelques remèdes de « bonne femme » :

En cas de piqûre d’insecte, frottez avec une gousse d’ail coupée en deux la zone blessée. La même action peut venir à bout de certaines verrues.

L’ail écrasé ou en infusion peut nettoyer toutes les plaies, coupures et brûlures superficielles.

Que disent les recherches modernes?

La médecine moderne s’accorde à dire que l’ail est :

Hypotenseur.

Qu’il diminue le taux de cholestérol et les triglycérides.

Qu’il lutte contre l’artériosclérose en évitant, entre autres, les agrégations plaquettaires. Il est donc excellent dans la prévention des maladies cardio-vasculaires.

Il a des vertus anticancéreuses reconnues comme les cancers de l’estomac, de l’œsophage, du gros intestin, du sein, des ovaires…

C’est un puissant antidote en cas d’intoxication au plomb.

Rappelons-nous que Pasteur a démontré le pouvoir antibactérien de l’ail. C’est aussi un antifongique.

Globalement, l’ail permet d’augmenter les défenses  immunitaires.

Mode d’utilisation

*L’ail peut se consommer cru, cuit, grillé, sauté, bouilli, en jus, etc…

*la dose quotidienne à ne pas dépasser est de 5 à 10gr en décoction ou en prise crue, ce qui représente 3 à 5 gousses.

*On peut aussi le trouver en gélules ou en pilules.

*En usage externe, on en fera un broyat, ou un gommage à partir d’une gousse coupée.

*Le fait d’enlever le germe le rend beaucoup plus facile à digérer.

*Pour faire disparaître la mauvaise haleine, après consommation, il faut mâcher longuement du persil, ou une graine de café ou quelques graines de cardamome.

 Contre-indications

Nous allons voir que ces contre-indications sont très importantes à connaître. Certaines coulent de source, d’autres sont un peu plus indirectes.

*En application externe prolongée, cela peut localement entraîner des rougeurs et des sensations de brûlure de la peau.

*Les décoctions ou solutions d’ail sont interdites chez les femmes enceintes. De même, si une maman allaite, elle doit éviter d’en consommer de trop sous peine de donner un goût trop fort au lait.

*On doit éviter d’en consommer en cas d’inflammation de la cavité buccale ou des yeux.

*Ne pas en consommer en cas de grande fièvre ou de soif importante, car la saveur piquante augmenterait les symptômes. De même, dans certains troubles digestifs comme les ulcères ou hyperacidité gastrique.

* En cas de faiblesse importante du Yin des Reins, avec des bouffées de chaleur, des transpirations nocturnes.

*Il faut savoir que l’ail est incompatible avec le miel.

*Dans les périodes de convalescence des maladies épidémiques.

*Dans le Ben Cao Jing Shu, il est dit : « L’ail est contre-indiqué dans les symptômes de chaleur du Poumon, en cas de feu du Foie et des Reins, dans les cas de vide d’énergie et insuffisance de sang ».

*Une consommation quotidienne permanente risque de blesser le Foie.

Conclusion

Pour l’ail, il convient de bien en connaître les contre-indications, en particulier celles relatives à l’excès de saveur piquante. Une fois bien compris, l’ail tient une place de choix dans la « pharmacie du Bon Dieu ». Je vous renvoie toujours aux grands principes de la diététique qui prônent la modération, le retour aux plats traditionnels de saison et de région et la fameuse loi des neuf jours.