La CIBOULE

LA CIBOULE   par Jean Pélissier professeur en MTC

La ciboule se nomme Cong Bai 葱白  en chinois.

Cong pour ciboule et Bai qui signifie « blanche ». C’est celle qu’on préférera quand on l’utilisera pour ses vertus médicinales. 

Son nom latin est Allium Fistulorum. C’est une plante herbacée de la famille des Liliacées, cultivée pour ses feuilles aromatiques.

Condiment par excellence de la cuisine asiatique, elle est cultivée dans le monde entier.

On l’appelle aussi cébette, cive, oignon d’Espagne, chiboule ou ail fistuleux.

Ses tiges sont plus épaisses que la ciboulette. Elle est creuse, charnue, longue et sa racine forme un bulbe blanc très allongé, qui se confond avec le départ de la tige.

Souvent il y a confusion avec le jeune et petit oignon blanc.

L’étude de la ciboule nous permet de mettre en évidence la frontière très ténue qu’il  y a entre la pharmacopée traditionnelle chinoise et la diététique quotidienne. En effet Cong Bai fait partie intégrante des compendiums de pharmacopée chinoise.

C’est le grand Yao, le grand « médicament »  qu’on doit prendre en cas de rhume ou de début d’état grippal.

Mais c’est aussi un « réchauffant », un antalgique et un diurétique.

En pharmacopée donc, on utilise la partie blanche de la ciboule et même les racines.

Selon la théorie des signatures, le blanc est à mettre en relation avec les poumons.

Quand on utilise les racines, c’est que l’on veut agir plus sur le bas ventre.

La partie haute et le début du bulbe sont utilisés dans la cuisine populaire.

Que dit la médecine chinoise ?

Cong Bai, la ciboule à une nature tiède et une saveur piquante.

Rappelons-nous que les plantes  de nature tiède réchauffent l’interne et dispersent le Froid. La saveur piquante permet en outre, de disperser les agents pathogènes ( microbes, virus..), logés en superficie, souvent grâce à la transpiration.

Les organes méridiens cibles sont ceux :

                  Du Poumon et

                  de l’Estomac.

Cong Bai a pour principales actions de :

                  Libérer et dégager le Biao.

                              Le Biao représente la surface du corps (ici les pores de la peau).

                  Il est sudorifique.

                  Il perméabilise les voies du Yang,

                  neutralise les toxines,

                   il est Antipyrétique,

                   stomachique,

                  diurétique.

La ciboule est indiquée :

                  En cas d’attaque de la perversité Froide, surtout à son début.

                  Crainte du froid (dans les états grippaux),

                  syndrome Yin Froid avec douleurs abdominales. 

                  Gastralgie et hyperacidité gastrique.

                  Diarrhée cholériforme.

                  Difficultés à la miction.

                  Œdèmes infectieux.

 

Voyons un peu ce que disent les compendiums de pharmacopée chinoise :

*En cas de toux avec écoulement de nez clair, il faut rajouter de la ciboule dans ses plats. Elle a en effet des vertus expectorantes. De même, on pourra en faire une décoction en cas de coups de froid sur le ventre  avec douleurs abdominales.

*Yong Yao Xin Fa : « La ciboule fait communiquer et perméabilise le Qi et le Yang. Elle permet au Vent pervers de se dégager au-dehors ».Je vous rappelle qu’en M.T.C., le « vent pervers » est le vent du climat, mais aussi tout ce que véhicule ce vent, en particulier les virus, microbes et autres agents pathogènes.

*Si en plus de l’écoulement nasal et de l’éternuement, on a une impression de froid pouvant aller jusqu’aux frissons et tremblements, avec un début de fièvre (état grippal), il faut alors rajouter absolument à la ciboule en décoction, trois tranches de  gingembre et une écorce de cannelle.

Après la prise de cette décoction, il faut bien se couvrir et attendre qu’une transpiration abondante apparaisse.

Que disent les recherches modernes ?

La ciboule est antiputride, digestive et carminative.

Elle est très riche en antioxydants (vit. C, flavonoïdes…), en sels minéraux et en Vit. B.

Une étude épidémiologique démontre que la consommation de légumes de la famille des alliacées (incluant la ciboule, l’ail et l’oignon) pourrait prévenir les cancers de l’estomac et de l’œsophage.

 

 

 

 

 

 

Mode de préparation.

En pharmacopée, en usage interne la dose moyenne se situe en 10-18gr par jour. On peut donc le broyer pour des applications externes.

*Dans la cuisine, on l’utilise souvent en entier (feuille et bulbe), hachée ou émincée, sous forme de condiment en remplacement de l’oignon qui a un goût plus fort.

Elle est souvent cuite très brièvement, mais les feuilles peuvent dans certaines préparations être consommées crues.

Elle peut être incorporée dans les salades, les soupes, dans les nouilles, les plats de viande au Wok. C’est la grande garniture du canard laqué.

*La ciboule est un condiment de choix donc, très souvent rajoutée dans les plats de viande ou de poisson, car elle atténue les risques d’intoxication alimentaire. Elle favorise aussi la digestion du bol alimentaire. Ayant des vertus apéritives, elle est indiquée chez les personnes faibles ayant peu d’appétit.

*Très facile à trouver dans les magasins Bio et les épiceries chinoises, elle se conserve 2-3 jours dans son réfrigérateur, enveloppé dans du papier absorbant ou dans un linge humide.

 

 

 

 

 

 

Contre-indications

Il faut éviter de consommer de la ciboule, surtout en décoction (préparation médicinale) en cas de transpiration abondante par faiblesse du Biao. Le Biao en médecine chinois représente entre autres la surface du corps et les pores de la peau. Or, la peau et le Poumon sont un même organe.  De telles préparations pourraient encore plus affaiblir l’organisme.

L’association de ciboule crue et de miel au cours d’un même repas pourrait être à l’origine de diarrhées importantes.

On doit en consommer très peu en cas de maladies rénales.

 

Conclusion

À l’heure actuelle de nombreux chefs étoilés se servent de cette plante pour donner des goûts très subtils à certaines de leurs préparations culinaires.

Mais c’est aussi un produit phare de la pharmacopée. Il entre dans cette panoplie de la « pharmacie du Bon Dieu » que toutes cuisinières chinoises se devaient de connaître quand il s’agissait de traiter leurs enfants qui présentaient les premiers symptômes « d’attaque externe ».

Certaines personnes rétorqueront qu’elles préféraient alors prendre un bon grog à base de citron et de rhum. Tous les goûts sont dans la nature……